Ce qui se joue

Une immersion photographique
depuis l’intérieur du Théâtre Universitaire de Nantes,
scène jeune création et émergence.


« Nous nous positionnons dans une autre temporalité que celle de la représentation d’un spectacle, dans ces moments précieux et nécessaires à la création : montage / démontage / répétition / échauffement / attente / concentration. Une approche à contrechamp de ce qui est visible par le spectateur, une immersion dans l’envers du décor. Partant d’une posture documentaire, nous observons la vie du lieu, les espaces qui le composent, les personnes qui le font vivre - qu’elles soient permanentes ou de passage. Au fil des recherches, nous choisissons de prendre de la distance avec le réel, nous détachant ainsi volontairement d’une lecture trop descriptive de ce qui nous entoure. Les faits, les gestes et les espaces glissent peu à peu vers une réalité fictionnelle. En quelque sorte, nous devenons des « metteurs en images ».

J. Blin & G. Chevrier

‘’ La photographie et le spectacle vivant se regardent souvent avec méfiance, rappelant étrangement ces croyances populaires du pouvoir de l’impression argentique à voler l’âme de son modèle. Car la photographie (d’un spectacle) en trahirait l’expérience vraie, celle de l’ici et maintenant, de l’unicité de la représentation... Mais la photographie n’est en rien la trahison d’une autre réalité. Elle est une fiction véritable, un mensonge avéré. Avec Ce qui se joue comme leitmotiv, l’entreprise photographique de Jérôme Blin et Gaëtan Chevrier en fait une démonstration ciselée. Immergés dans les coulisses du TU-Nantes pendant plus d’une année, les photographes déjouent toute relation documentaire au contexte et au lieu, creusant non du côté de l’instant et du décisif, mais bien du jeu et sa manière de se substituer à la réalité pour en consentir une autre représentation. Avec pour règles (du jeu) un travail de lumière artificielle, des postures d’inconfort et des cadrages atemporels, ils parcourent le hors-champ du théâtre. Cet espace temps du non-jeu, sans intrigue et où rien n’est représenté. Et ils en composent des images où la dimension picturale dresse un paysage constamment en tension, entre réalité et fiction, où les situations les plus anodines se parent d’une dimension dramaturgique parfois spectaculaire. Ceci n’est pas le théâtre. ‘’

Nolwenn Bihan / co-directrice du TU-Nantes